Comment le style créé un univers

Comment le style crée un univers (merci Raymond Queneau)

Il était une fois une élève de 4e, dans un collège du Rhône. A l’intercours de midi, un jeudi. Au lieu d’aller traîner dans la cour avec ma bande après le repas au self, j’ai rejoint un petit groupe au fond du hall dans la salle d’arts plastiques. Je m’étais inscrite à l’atelier théâtre de M. Chavant, notre prof de dessin aux multiples talents.
Ce jour-là, il est arrivé avec un livre à la couverture un peu froissée et le sourire aux lèvres. “On va travailler là-dessus. Ça s’appelle Exercices de style, de Raymond Queneau. C’est 99 fois la même petite histoire, racontée dans 99 styles différents. Vous allez en choisir dix, les mettre en scène, les interpréter. On jouera tout ça en fin d’année devant les 4e et les 3e.”

Ça n’était pas une « vraie » pièce de théâtre, pas de Molière ou de Shakespeare…Sceptique, je me suis néanmoins plongée dans le bouquin. Et là, quelle surprise, quelle richesse !  A 14 ans, je ne savais pas vraiment comment analyser ni exprimer mon ébahissement devant la puissance du langage, des mots.
Aujourd’hui, c’est toujours cette révélation qui guide mon travail en stratégie éditoriale : le style n’est jamais neutre. Il crée un univers à lui tout seul.

Une même histoire, 99 perceptions différentes

L’histoire ? Elle est vraiment toute simple.
Dans un autobus, le narrateur remarque un jeune homme au cou élancé, coiffé d’un chapeau orné d’une tresse à la place du ruban habituel. Après un échange assez vif avec un autre passager, le jeune homme profite d’une place qui se libère et s’y installe. Plus tard, le narrateur le retrouve en pleine discussion avec un ami. Celui-ci, attentif à son allure, lui recommande de faire remonter le bouton supérieur de son manteau.

Pourtant, Queneau la réécrit 99 fois, et à chaque nouvelle version, c’est une nouvelle histoire, c’est l’univers entier qui change.

Quelques extraits du début :

– Précieux :

« C’était aux alentours d’un juillet de midi. Le soleil dans toute sa fleur régnait sur l’horizon aux multiples tétines. L’asphalte palpitait doucement, exhalant cette tendre odeur goudronneuse …».

– Dans la version télégraphique :

« BUS BONDE STOP JNHOMME LONG COU … »

Gastronomique :

« Après une attente gratinée sous un soleil au beurre noir, je finis par monter dans un autobus pistache où grouillaient les clients comme asticots dans un fromage trop fait. »

– Métaphoriquement :

« Au centre du jour, jeté dans le tas des sardines voyageuses d’un coléoptère à l’abdomen blanchâtre, un poulet au grand cou déplumé harangua soudain… ».

Chaque style donne une couleur, une intention, un rapport différent au lecteur.
La manière qu’a Queneau de raconter son histoire change tout.

Ce que Queneau m’a appris sur le style (et que j’applique encore aujourd’hui)

Le style, ce n’est pas juste “bien écrire”.
C’est une attitude, une position relationnelle, une identité narrative.

Dans toute communication – qu’elle soit marketing, éditoriale ou même institutionnelle – le style :
– crée une ambiance,
– envoie des signaux émotionnels,
– pose les bases d’une relation de confiance (ou pas),
– et surtout, donne une voix reconnaissable à votre marque ou votre activité.

Un même message, plusieurs univers

Aujourd’hui encore, je m’amuse parfois à reprendre une même phrase pour illustrer ce pouvoir du style à mes clients.

Exemple :

“Je vous aide à clarifier votre communication.”

Version neutre :
Je propose un accompagnement pour structurer vos messages et renforcer votre visibilité.” Rassurant et formel.

Version chaleureuse :
Vous avez du mal à expliquer ce que vous faites ? Je vous aide à trouver les bons mots, simplement.” Humain, direct, accessible.

Version « poétique »  :
Des mots bien posés, c’est une lumière dans la brume. Et si l’on éclairait votre horizon, ensemble ?” Imagé et sensible.

Le fond reste le même. Mais la perception du lecteur n’est pas la même.

Pourquoi c’est essentiel de trouver votre style ?

On ne lit jamais juste un message. Derrière les mots, se développe un imaginaire, une attente. On perçoit une voix. On ressent une personnalité. On s’attache à un ton.
Et dans un monde où les contenus se ressemblent, le style devient un marqueur différenciant puissant.
– Il fidélise.
– Il clarifie.
– Il incarne.
– Il vous rend mémorable et mémorisable.

Et si on travaillait votre voix de marque ?

On n’a pas besoin de 99 styles comme Queneau (quoique…).
Mais vous pouvez :
– poser les bases d’un ton éditorial cohérent,
– construire une charte de style pour vos contenus,
– vous appuyer sur des mots, des phrases, des ambiances qui vous ressemblent,
– et surtout, écrire pour votre lecteur, pas pour l’algorithme.

C’est ce que je fais chez SemantiK : aider les entrepreneurs, les organisations, les indépendants à trouver leur manière unique de dire les choses.

99 styles, un seul exercice pour vous

Ce que j’ai découvert à 14 ans dans cette salle d’arts plastiques, je le retrouve encore aujourd’hui dans mon travail : le style n’est jamais un détail. C’est lui qui donne une couleur, une voix, une présence.
Une entreprise ne raconte pas une histoire : elle raconte son histoire. Et c’est cette singularité-là qui fait la différence, qui crée la confiance et qui devient son meilleur avantage concurrentiel.

Et si c’était le moment pour vous de réécrire un peu le script ?

Si vous avez envie d’y réfléchir à deux, je suis juste là : karine@semantik-atelier.fr . On peut en parler autour d’un café. Ou d’un “exercice de style”.

Raymond Queneau (1903-1976), est un romancier, poète, dramaturge français, cofondateur du groupe littéraire Oulipo.
Exercices de style , paru en 1947, est l’un des ouvrages les plus célèbres de l’écrivain français Raymond Queneau.
Pour en savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneau

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